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COUP DE GUEULE ( Bulletin N°13) Grandeurs Historiques Ponantaises en déshérence de Statures Dignes (Suite et Fin)
A/ Deux Exemples de Fondation et de Fédération
A1 : L’Extraordinaire Dynastie des Cissé/Tounkara (Voir Bulletin N° 12)
A2 : Un Extraordinaire Etat Fédéral au cœur du Moyen-âge : LE ‘’MANDEN’’
Petit Rappel :
On se souvient que c’est après Cinq Batailles des plus sanglantes, que Soumaoro fut vaincu à Kirina en 1235. Le ‘’MANDEN’’ se structura par la suite, et nous allons rappeler cela.
3-Kouroukan-Fouwa : La Conférence, Son ambiance et ses Acteurs.
En 1235, après la Victoire de la Coalition des Mandenkas sur Sosso-Soumaoro, se tint à KOUROUKAN-FOUGA, Haut-Plateau sur le Mont-Sibi, dans le Royaume du Célèbre Kamandjan Kamara, la Conférence FONDATRICE d’un EMPIRE, Inédit parce qu’on ne peut plus librement constitué. Ce fut à l’initiative (et sous l’autorité acceptée par tous), de SOUNDJATA KEITA, le Commandant en Chef de toutes les Forces combattantes et, surtout, cette Force de la Nature dont la Puissance venait de neutraliser les pouvoirs de celui qui avait si durablement terrorisé tout le monde : Soumaoro Kanté. C’est justement à l’occasion de cette Conférence, bien plus que pendant les combats, que le Génie Exceptionnel du jeune Empereur s’était révélé, confirmant comme qui dirait, toutes les prédictions qui avaient été faites, nombreuses et concordantes, longtemps avant sa naissance. (Il en avait été de même pour AST, n’en déplaise aux haineux, à tous les menteurs et dénigreurs divers : qu’ils soient des Politiciens, des Ecrivains, des Journalistes, ou des Artistes !).
Certaines traditions attestent que la Conférence de Kouroukan-Fouga avait réuni Cent Souverains pendant Cent Jours. Une Charte en 44 Articles a été élaborée là-bas, avec minutie, et dans une vision multiséculaire, non encore dépassée aujourd’hui. L’Empire s’était structuré, humainement, socialement et historiquement. Puis, il a confié sa Mémoire à une ‘’Classe’’ de Conservateurs hors-pair pour qui l’oubli, l’amnésie et les anachronismes confusionnelles n’existent pas, de père en fils, de générations en générations, encore, et encore, jusqu’à maintenant. Près de 800 ans après !Ce sont nos Griots, Maîtres de la Parole et de la Chronique, ici chez nous.
3.4.Kouroukan-Fouwa : La Charte, son Contenu et ses Objectifs
La Contrée venait de vivre un Grand quart de Siècle de troubles, d’exactions et d’oppressions implacables, auxquels il avait fallu mettre un terme par cinq batailles sanglantes, avec d’innombrables pertes en vies humaines. Sans compter les flux ininterrompus de réfugiés et d’exilés, fuyant la terreur et la destruction. Des déracinements sans retour dans la plupart des cas. Ainsi, au sortir de ce cauchemar, les populations de tous les Royaumes, de toutes les Provinces et Entités n’aspiraient plus qu’à la PAIX.
On travailla donc à Kouroukan-Fouga comme pour conjurer à jamais : et la Colère, et le Ressentiment, et la Haine.
On y travailla pour instaurer durablement, voire, définitivement, la Détente et l’Apaisement ; la Convivialité, l’Avenance et l’Hospitalité ; le Respect, la Considération et l’Amour du Prochain. Tels étaient les objectifs visés, et chaque mot, chaque concept évoqué ici, ont toute leur valeur.
3.4.1-Le Peuple fut d’abord ‘’structuré’’ tout entier en 30 grandes ‘’Familles’’, correspondant à 30 Compétences, à savoir :
v QUATRE PRINCES (la Maison du Pouvoir) : les KOULIBALY ; les DANWO, appelés aussi Douno ou Dougouno et Soumano ; les KONATE (Sérah) ; et les KEITA, appelés également Mansaré, Soumah, Diawouné, Yassi ou Souko (pour les femmes) ;
v SEIZE PRENEURS (ou Porteurs) de SCEPTRE (TOHN), ce qui correspond ailleurs, à la Noblesse d’Epée. Ce sont les Seigneurs et Commandants en Chef des Provinces et Royaumes constitutifs du MANDEN ;
v QUATRE ARTISTES (les GRIOTS et les FINAHS) et ARTISANS (les FORGERONS comprenant les Orfèvres) et les CORDONNIERS (étendus aux TISSERANDS), leurs fonctions étant classées d’Utilité Publique ; d’où leur nom ‘’GNÂRAH’’ (l’UTILE) en N’ko;
v CINQ HOMMES DE DIEU dits MARABOUTS (lesMANDEN-MORIS) : les Cissé, les Touré, les Bérété, les Diané et les Sylla ou KOMAH. (Komah ou Koman, un prénom devenu un patronyme équivalent à Sylla, Damba, ou Conté).
v A ces VINGT-NEUF (29) composantes englobant toutes les populations du Mandén, fut ajoutée la Catégorie tout à fait TRANSITOIRE des CAPTIFS de GUERRE, une condition qui ne concernait que le ‘’capturé’’ lui-même, et lui seul. En effet, l’esclavage institutionnalisé, sur fond d’exégèse abusive de Textes Révélés, comme on le voit encore au Foutah de chez nous ici, cet esclavage n’a jamais été pratiqué au Mandén, comme on le verra de façon explicite du reste, en conclusion de ce qu’on va dire de la CHARTE DE KOUROUKAN-FOUGA.
3.4.2- La Codification de la vie en Société, fixée par la célèbre Charte de Kouroukan Foua, a baigné dans une ambiance de Conciliation et de Responsabilité on ne peut mieux rendue que par la ci-après Proclamation de Soundjata, le jeune et si extraordinairement inspiré Fondateur de l’Empire, qui a dit :
‘’Que celui qui est insulté, rende l’insulte, cela ne cause aucune plaie sur le corps. Que celui qui est insulté ne frappe jamais, et que celui qui est frappé se plaigne à la hiérarchie la plus proche, sans jamais rendre le coup reçu. Et que nul ne fasse couler le sang de son prochain’’.
Pour cela, on a institué et soutenu une forme de Rhétorique basée sur le ‘’chahut’’ (Magnâli) et la ‘’dénonciation’’ (Sön fö) ; c'est-à-dire, sur la ‘’Blague noble’’, et sur la mise en relief de façon ‘’extrême’’ des défauts et tares à forte nuisance,(MOUN’DE TOGNÂLA KO A TEFÖ ?).
Tout cela, dans un but ‘’thérapeutique’’. Il faut, bien-sûr, en avoir la ‘’culture’’ pour ne pas en être ‘’choqué’’ ! Les inimitables et irremplaçables structures RELATIONNELLES ci-après, furent ainsi instaurées/
v Le SANANKOUN’YA, ou ‘’Cousinage à plaisanterie’’, au cours duquel il est interdit de se fâcher, même en cas de ‘’bourde’’ et d’offense verbale. Il a été imaginé et établi de telle manière que tous les Patronymes en sont concernés 2 à 2, ou 3 à 3, etc ; de sorte que personne n’échappe à la Règle. (Il m’est arrivé d’en parler à un excellent ami Peulh qui, en toute bonne foi, m’a traité d’affabulateur) ! C’est en réalité parce que, malgré l’hospitalité des Autochtones qui les ont reçus, et malgré 3 siècles de coexistence et de voisinage avenants de leurs Hôtes, les Peulhs se sont, généralement, emmurés dans un modèle de société totalement sectaire, et plein de mépris pour les autres. Au point qu’ils sont, très souvent, ignorants de tout ce qui ne les concerne pas directement. Il y a même, parmi eux, de véritables affabulateurs, très hardis, qui inventent des théories socio-historiques visant à situer le peuplement premier des zones montagneuses au centre de la Guinée, les Fiefs plurimillénaires de nos Diallonkés, à seulement l’arrivée des Pullis, un groupe de Peuhls animistes, vers le XVI ème Siècle. C'est-à-dire 300 ans, au moins, après Kouroukan-Fouga ! Des Pullis par ailleurs détestés et asservis jusqu’à nos jours, par les Peulhs musulmans, derniers arrivants au Foutah, qui sont malheureusement, jusqu’à preuve du contraire, imbus d’un hégémonisme aveugle et irrespectueux des ‘’autres’’ (‘’bhéya’’ en peuhl).
v L’affectueuse et bienveillante Familiarité entre les Grands-Parents et leurs Petits-Enfants : le MAMAYA/BEMBAYA/MAMANIN’YA.
Ils et elles furent proclamés ‘’Copains et Copines’’- ‘’Epoux et Epouses’’. C’était pour conjurer toute ‘’Querelle de générations’’.
v La SACRALISATION du fils ou de la fille de la sœur (le neveu et la nièce ) pour l’oncle et pour son (ses) épouse (s) : ne jamais les faire pleurer. On pense que cette disposition a été inspirée par le ‘’choc’’ causé à Fakoli Koroma par son Oncle Soumaoro Kanté qui lui a ravi son unique épouse, la grande sorcière Kéléya-Konkoh ; il faut savoir que FAKOLI était le fils de KANKOUBA KANTE, la demi-sœur aînée de Soumaoro.
v La SACRALISATION de quelqu’un de l’Etranger : même le Roi n’a pas le droit de le toucher, tous ses pouvoirs ne concernant que l’Hôte qui est son Sujet. Les Peulhs qui sont venus successivement au XVème siècle (ceux du Wassoulou), XVIème siècle (les Pullis et les Houbbous), et au XVIII ème Siècle, ont tous bénéficié de cette disposition. Même, et surtout les derniers qui, au nom de l’Islamisation des Diallonkés de nos Montagnes, avaient conquis cette Région, avec la contribution déterminante des MANINKA-MORIS, islamisés, eux, depuis le XIè Siècle à Wâdou.
Ainsi, ceux qui soutiennent que ce sont les Peuhls (arrivés seulement aux XVIIè-XVIIIè Siècles), qui ont introduit l’Islam en Guinée, oublient, ou ignorent que Kankou-Moussa, Empereur du MANDEN, a effectué son pèlerinage célèbre à la Mecque en 1325, et que l’Askia Mohamed Touré a fait de même au milieu du XVIème Siècle, en tant qu’Empereur de GAO, et Promoteur de la Ville de Tombouctou en un Centre Religieux et Culturel Musulman inégalé en Afrique de l’Ouest.
Veuillez excuser toutes ces petites précisions, qui me semblent utiles toutefois à la clarté des choses.
v La ‘’Familiarité amicale’’ avec le mari de la sœur-aînée, et avec l’épouse du grand-frère, le NIMOGOYAH, très en vigueur, malgré les risques éventuels d’adultères ‘’accidentels’’ !
v La Fondation des ASSOCIATIONS GENERATIONNELLES : le KARIH pour parler des jeunes gens, et le SEREH, pour les jeunes filles et pour les jeunes femmes (en situation de ménage), les ‘’Salibanins’’.Toutes ces Associations sont devenues très populaires! C’est ce qui était visé. Mais elles sont trop souvent récupérées maintenant par des Politiciens en mal de Programme et d’Idéal pour la Société : ce n’était pas cela, l’objectif de Kouroukan-Fouga.
IV CONCLUSION D’ETAPE
Comme on peut s’en rendre compte, c’est un Mode de Vie complet qui a été adopté à SIBI KOUROUKAN. Il fut dès lors diffusé et si intimement assimilé que, de nos jours encore, c’est ce mode de vie qui caractérise le comportement de toutes les Communautés d’Afrique Occidentale. Même les Populations ethnologiquement distinctes des Mandénkas, ou celles de Territoires hors Mandén, d’Afrique Noire, ont toutes assimilé et intégré, à des degrés divers, les traits de comportement socio-culturels définis à Kouroukan-Fouga.
Pour avoir donc pris en compte les légitimes aspirations des masses populaires, et surtout, pour s’être projeté dans l’avenir le plus lointain possible, la CHARTE a tellement su modeler le Société Ouest-Africaine, que l’influence en est encore éminemment actuelle sur toute notre sociologie et sur toute notre culture. Le mérite en est encore plus grand quand on sait que les longues et douloureuses périodes de la ‘’Chasse aux Nègres’’, puis des Invasions Brutales et des Exploitations Inhumaines des Colonialistes Blancs d’Europe, sont toutes passées par là, après Kouroukan-Fouga, sans en altérer les valeurs.
Je vais prendre un rendez-vous ici pour le prochain Episode. En attendant, tenons bien le compte de nos Grandeurs et des Héros ‘’inégalés’’, chacun en son genre, de notre Histoire :
v WADOU ET SES ‘’KAAYA MAGHAN’’.
v SOSSO ET SON GRAND ARTISTE ET ROI-SORCIER, SOUMAORO KANTE ;
v LE ‘’MANDEN’’ ET SON FONDATEUR INCOMPARABLE SOUNDJATA KEÏTA, AVEC L’IMMORTELLE CHARTE DE KOUROUKAN-FOUGA.
Et pour terminer, comme El Hadj Mohamed Mansour Kaba l’a fait le 29 Septembre 2013 en parlant de l’esclavagisme entêté du Foutah Djallon, et du cynisme ‘’Kafre’’ de ses négationnistes volubiles en revendications ‘’ démocratiques’’ et de ‘’défense des droits de l’homme’’, des ‘’esclavagistes explicites et démagogues’’, j’invite tous ceux qui éprouvent l’inquiétude d’être dans le Vrai, à lire les pages 9, 10 et 11 du ‘’Droit de Réponse aux négationnistes de l’esclavage au Foutah’’ du même Elhadj Mansour Kaba, publié par le site ‘’GBASSIKOLO.COM’’, à la date du 02 Octobre 2013. Ils y trouveront un extrait du ‘’Serment des Chasseurs du Mandén ‘’ sur l’Esclavage. Un Serment antérieur à la Bataille de Kirina en 1235 !
Le Serment tirait les leçons des razzias de Soumaoro, avec leurs cortèges de captivité et d’esclavage. Les Chasseurs avaient déclaré alors, concluant tant d’autres positions franches (nos DONZOS ou DONSOS, sont des PATRIOTES et des GENS D’HONNEUR Assermentés, qui défendent le BIEN, et qui combattent le MAL, même aux prix de leur vie); ils ont proclamé:
‘’… CHACUN DISPOSE DESORMAIS DE SA PERSONNE,
‘’CHACUN EST LIBRE DE SES ACTES,
‘’CHACUN DISPOSE DESORMAIS DES FRUITS DE SON TRAVAIL.
‘’TEL EST LE SERMENT DU MANDEN
‘’A L’ADRESSE DES OREILLES DU MONDE ENTIER’’ !
Réf : ‘’La Charte de Kurukan Fuga’’ de l’Anthropologue malien Youssouf Tata Cissé, publié par le CELHTO, Editions L’Harmattan, Paris 2008.
A la Prochaine, pour continuer, si Dieu le veut.
Soub’hânallâhi, wa bihamdihî, astakh’firoullâhi wa atoûbou ilaïhi
Wassallallâhou alâ Seydinâ Muhammadin, wa alâ Alihî, Wa Sahabihî
Wassalim.
Conakry le 27 Mars 2014
Aly Bocar Cissé Professeur et Administrateur Civil à la retraite
Tél : 664-33-37-70/657-38-53-89/622-27-88-89
Email : cissedebma@yahoo.fr
Aly Bocar CISSE
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