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Le 28 SEPTEMBRE ET L’IDENTITÉ NATIONALE GUINÉENNE
"Le vote du 28 septembre, symbole d’un consensus national, fait partie des pages mémorables, et pourquoi pas glorieuses, de la Guinée" Prof. KABA LansinéQuel souvenir faut-il garder du 28 septembre 1958 ?
Le 28 septembre 1958, un jour fatidique, une date immortelle, une année célèbre et un événement unique. Ce jour-là, une nation devait naître et un peuple devait exister pour écrire la première page d’une histoire nouvelle.
Cette date n’est point l’histoire d’un seul jour encore moins d’un seul homme, c’est l’accomplissement victorieux d’un chantier datant de l’époque précoloniale à la colonisation. Quand nos braves soldats s’armaient de leur courage pour défendre leur terre natale contre des occupations étrangères. Le 28 septembre 1958 est la suite glorieuse de cette époque héroïque et la naissance de diverses aspirations et pensées pour un avenir radieux.
L’adversité politique et la lutte d’indépendance
En 1958, La Guinée avait deux grandes formations politiques dignes de ce nom. Ces hommes politiques n’ont pas échappé à des querelles politiques, la concurrence entre les formations syndicales, les émeutes qui éclatent entre les populations, les coups bas et le règlement du compte. La violence et le clivage politiques en cette époque en Guinée avaient atteint leur paroxysme et frappaient de pleins fouets la cohésion sociale.
Mais quand l’heure de l’indépendance a sonné en métropole et que ses échos se sont faits entendre en Guinée, les dissensions politiques ont cédé la place au compromis. Les chefs de l’opposition se joignent au parti gouvernant et des accords électoraux en vue d’un vote de consensus seront passés. Main dans la main, ils battent campagnes ensemble et chantent en unisson pour la dignité nationale. L’adversité et l’animosité sont quasi inexistantes dans la sphère politique. La paix règne par tout spécialement dans la Capitale qui, autre fois, était le théâtre des violentes oppositions entre partisans, pas un seul affrontement en cette période. L’entente entre les partis a réduit toute chance d’un scrutin en faveur du OUI. Comme c’était le cas au Niger et au Sénégal. La population a enterré ses haches de guerre pour la liberté. Nous ne sommes plus en état de déchirement de tissus social et l’on est loin des cases brûlées de 1956. Cette fois-ci pas une goutte du sang sera versée. Les querelles et les bagarres pour le pouvoir sont remplacées par des consultations. La fameuse règle de diviser pour régner n’aura pas de terre pour pousser. Aucune opportunité d’un revirement de pronostique.
Impact de référendum sur l’unité nationale
Cet événement va réunir tous les enfants du pays des vaillant guerriers et des hommes intègres sous la bannière de la liberté et l’intégrité nationale. Le 28 septembre 1958 devint le jour phare de l’unité nationale, le symbole de prise de conscience profonde œuvré par les forces sociales, religieuses et culturelles. Le peuple sort de ce référendum fort et uni. Fort pour se dégager du joug stratification sociale et partisane dont les martèlements fissureront les bases du développement. Une unité d’action sans laquelle la Guinée non seulement n’aura pas accédé à son indépendance, mais elle pouvait basculer dans une guerre des partis sans précédent. Chaque individu de cette date homme ou femme a joué un rôle important à la réalisation de cet événement de grandeur nature. La conférence territoriale du 14 septembre nous éclaire mieux ce qui pouvait être l’attitude des Guinéens. Sékou Touré, tel un guide, lance : « chers camarades, pas une minute à perdre après cette conférence. Tous les hommes, toutes les femmes doivent se mobiliser pour que la victoire soit totale et que l’unité de la Guinée soit affirmée à la face du monde…Chacun et chacune…Doit faire ce que la voix de l’Afrique dicte à sa conscience, cette voix ne cesse de crier Indépendance, Nationalité africaine, Citoyenneté africaine, Liberté et Dignité ».
L’ambiance de l’avant référendum est splendide. Les mosquées deviennent un lieu à la fois de sensibilisation et dévotion pour la liberté. Les Imams multiplient et renforcent les prières les mosquées se remplissent. Les sacrifices sont nombreux pour conjurer tout mauvais sort qui peut empêcher l’indépendance. Le pays tout entier vit au rythme référendum, agitation dans le plus grand calme. La discipline et la marque de civilité dictées par les leaders étaient incroyablement suivies. Aucun incident n’est enregistré ce jour, le calme qui régente sur le pays dépasse toute attente.
La classe politique face à cette situation exceptionnelle ne pouvait que s’entendre sur la nature du message et la réponse à la question posée par la métropole concernant le référendum. Les partis politiques et formations syndicales vont emprunter la voie de sagesse au profil de l’unité nationale. Les ennemis politiques vont se mettre ensemble, battre campagne et mobiliser les indécis à voter pour la cause nationale. En ce moment précis, l’intérêt supérieur de la nation a pris dessus sur des intérêts personnels.
Même si l’on sait que le but ultime des hommes politiques est la concentration de pouvoir dans leurs mains. Mais les leaders du 28 Septembre ont su tronquer leur égoïsme contre altruisme. Ils ont ainsi compris que les ambitions personnelles ne sont rien de comparable aux intérêts du peuple.
La Guinée comme un seul homme s’exprimera sans hésitation en faveur de l’indépendance. Elle devient alors pas seulement l’avant-garde de la lutte anti-coloniale mais aussi un exemple de l’unité nationale.
Il est très important de noter, qu’aucune crise de quelque nature que ce soit ne peut effacer ni faire d’ombre à la souveraineté nationale. Aucun peuple ne peut exister ou prétendre d’exister sans liberté ou sans souveraineté. Nulle liberté peut servir dans l’égoïsme.
Ce n’est pas seulement l’issue de cette journée qui l’a rendue plus importante dans l’histoire de la nation guinéenne. Mais les processus qui l’ont conduite ont été fondamentaux. Les actes posés avant ce vote sont d’une importance capitale. C’est pour cela le 28 Septembre 1958 demeurera une journée éternellement grandiose dans l’histoire de la Guinée (Conakry).
Ibrahima CISSE
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