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L'ignorance, ou la méconnaissance de soi, cause profonde de notre Souffrance. (Deuxième partie)

Cette ignorance, fondée sur la méconnaissance de soi est une vraie maladie de la société guinéenne dont les deux maîtres-symptômes sont l’égocentrisme et l’égoïsme.

" La croyance en l'existence de l'ego est la source de toute souffrance dans la mesure où, nous assimilant à une entité limitée, tout  ce qui semble en menacer l'intégrité nous fait souffrir." Bokar Rimpotché

Ce qui est frappant dans notre pays, c’est d’une part : l’indifférence de la classe dirigeante à la misère de l’immense majorité des guinéens.

D’autre part l’indifférence de nos compatriotes à la  souffrance d’autrui, c’est le manque de compassion des guinéens les uns pour les autres, surtout lorsqu’ils sont d’ethnie et ou de région différentes !  Personne ne peut sérieusement nier ces faits.

Ce constat plus qu’amer relève de l’égocentrisme et de l’égoïsme de nos compatriotes.

Désormais nos compatriotes ont peut-être la tête pleine, mais ils ont sûrement le cœur vide. Nous manquons cruellement de compassion les uns pour les autres.

Nul ne peut contester que la souffrance en Guinée est aujourd’hui comme une maladie endémique qui touche toute la société. Cette souffrance est tous ordres: matériel, moral, économique, sécuritaire, sanitaire...

Comme je l'ai dit cette maladie plonge ses racines dans l'ignorance des guinéens. Je reviens sur ce concept d'ignorance, qui n'est pas un manque de savoirs, mais: une méconnaissance de soi, qui nous fait faussement croire à l’existence d’un ego tangible et permanent... En réalité l'ego n'est qu'une vue de notre esprit.

« Si nous scrutons notre esprit, nous avons beau tenter d'y trouver un moi, il se dérobe sans cesse, car en fait, il n'existe pas." Bokar Rimpotché

C'est une pensée fortement  ancrée  en chacun de nous, depuis toujours nous portant à nous assimiler à notre égo, qui peut être : notre personne, à notre famille, à notre clan, à notre  ville, à notre ethnie, à notre région, à notre, pays, à notre religion, à notre race... nous comprenons bien donc que l’égo, est très polymorphe, il  peut prendre plusieurs formes. Cette pensée illusoire d’un égo relève  de notre ignorance fondamentale.

Et sous le coup de notre ignorance nous, guinéens avons une tendance très marquée à nous identifier à notre ego ethnique…Cette méprise frappe en premier lieu la classe dirigeante. Elle amène les dirigeants  guinéens à croire à une existence permanente à leur " moi ou ego" doublée d'une hypertrophie de ce  moi.

Et cette croyance  à un ego est  à la base de l’égocentrisme et l’égoïsme des dirigeants et ensuite de l’ensemble des guinéens.

Pour étayer cette idée voici ce qu’en pense  le moine bouddhiste Mathieu Ricard

« Nous imaginons qu’au plus profond de nous-mêmes siège une entité durable qui confère une identité et une continuité à notre personne.

Cela nous semble si évident que nous ne jugeons pas nécessaire d’examiner plus attentivement cette intuition.

Pourtant, dès que l’on analyse sérieusement la nature du « moi », l’on s’aperçoit qu’il est impossible d’identifier une entité distincte qui puisse y correspondre.

En fin de compte, il s’avère que l’ego n’est qu’un concept que nous associons au continuum d’expériences qu’est notre conscience.

L’attachement à l’existence de l’ego considéré comme une entité unique et autonome est fondamentalement dysfonctionnel, car il est en porte-à-faux avec la réalité.

Fondé sur une erreur, il est constamment menacé par la réalité, ce qui entretient en nous un profond sentiment d’insécurité.

Conscient de sa vulnérabilité, l’ego tente par tous les moyens de se protéger et de se renforcer, éprouvant de l’aversion pour tout ce qui le menace et de l’attirance pour tout ce qui le sustente.

De ces pulsions d’attraction et de répulsion naissent une foule d’émotions conflictuelles. »

Pour bien intégrer ce processus d'identification de l'ego, je vous cite cet exemple que Maître: Bokar Rimpotché  nous donne:

"Les Français sont fiers d'être français, tout comme chacun est fier de son pays.  Ils sont attachés à l'idée qu'ils sont  français et non d'une autre nationalité, de sorte que si l'on critique leur pays, ils en sont touchés, comme si c'était eux-mêmes qui étaient mis en cause.

L'individu s'assimile à la totalité de son pays. Si par ailleurs, à l'intérieur de la France vous êtes marseillais, vous tombez sous la coupe d'une assimilation qui fera que vous serez insensibles quand on dira du mal des parisiens, mais très mécontents qu'on en dise des marseillais.

Vient ensuite à une échelle plus petite, l'identification avec la famille: même si vous êtes marseillais, vous ne vous sentez pas concernés lorsqu'on parle de manière négative d'une autre famille de Marseille.

Notre famille, enfin, est composée de plusieurs personnes, mais, entre toutes, c'est à  nous- mêmes que nous accordons la place la plus importante, car l'identification de loin la plus forte est celle à notre personne, cet ego pris pour réel bien qu'il n'existe pas. "

C’est sous le coup de ce processus d’identification à l’égo, qui est un dysfonctionnement mental, que nous les guinéens tombons abusivement dans l’égocentrisme et dans l’égoïsme. C’est la source de tous nos malheurs, car ils constituent le socle de la division et du conflit. Ne confondons pas émulation et division, compétition et conflit. Dans un système démocratique apaisé il y a  émulation, et compétition entre les prétendants au pouvoir ; mais il ne devrait y avoir ni division, ni conflit. L’égocentrisme engendre l’ethnocentrisme, alors que l’égoïsme est source de perturbations mentales, telles avidité, haine, méchanceté, colère, orgueil, jalousie Nous reviendrons sur ces notions.

Comme le dit le Dalaï Lama n’oublions jamais que

« Toutes les guerres sont des guerres des égo, du simple conflit familial aux guerres mondiales »

Cette erreur de vue empoisonne l'esprit du dirigeant guinéen ; ce qui les amène à avoir une hypertrophie de leur égo doublée d’une importante identification ethnique.

C'est notre propension à l'identification ethnique, qui nous pousse dans l'abîme de l'ethno-politique avec les conséquences que nous connaissons et subissons tous aujourd'hui.

Vive la Paix

Vive la Guinée


Dr. B. Diakité

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