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Il faut sauver la Guinée du multipartisme désintégrateur. Mon point de vue

Quand  on aime  la Guinée, on souffre trop ; on est tous les jours révolté face à  l’aveuglement politicien de certains de ses fils, prêts à tout pour atteindre leur objectif. Toutes les armes  et formes de combat  sont requises contre les adversaires  traités comme des ennemis à abattre.

C’est assez triste et aucun cadre conscient ne peut rester indifférent face à cette situation.

En effet, le peuple de Guinée vit un drame depuis 1958 : ses cadres ne se battent que pour la conquête ou la conservation  du pouvoir, aidés en cela par ceux que notre entente et notre développement inquiètent. Nous espérions que le coup d’Etat du 3 avril 1984 aurait permis de tirer des leçons enrichissantes du passé pour dégager une vision plus  responsable, plus patriotique. Malheureusement la situation n’a fait que s’empirer.

Après le coup d’Etat du 3 avril 1984, au lieu d’agir en Comité

Militaire de Redressement National, cette instance suprême mise en place par ceux qui ont pris le pouvoir ,  a agi en Comité Militaire de Rejet National ; certains de ses membres et leurs alliés civils  à l’époque, sertis  par la haine et le ressentiment, ont cherché d’abord à se venger (liquidation des parents et amis  d’Ahmed Sékou Touré et  répression aveugle des présumés auteurs de la tentative de coup d’Etat du 4 juillet 1985, etc., sans être satisfaits) ; ils ont tenté aussi  de salir  l’image rayonnante de la Guinée sur le plan international sous prétexte de salir la mémoire d’Ahmed Sékou Touré,  alors qu’il s’agissait  de faire   plaisir « à ceux qui les ont aidés à prendre le pouvoir » (interview d’un membre du CMRN); une pratique que nous revivons depuis  le 21 décembre 2010.

Qui dit progrès dit accumulation des acquis. Or, sur le plan interne, le CMRN et ses alliés civils se sont attelés à détruire ou à bazarder tous les acquis économiques de la Première République à leur profit pour retarder le développement de la Guinée en  imposant une privatisation mafieuse.

La campagne électorale présidentielle 2015 a  commencé depuis la proclamation des résultats de novembre 2010. Depuis cette période, on se rend compte que certains de l’opposition n’ont eu de cesse de prévoir l’échec du Président, en plus de lui mettre les bâtons dans les roues.

Cette campagne s’est accentuée à  partir du 21 décembre 2010, alors que les Guinéens  espéraient  vivre un espoir, le partager et le réaliser en sortant enfin du sous-développement. Ceux qui, au sein de l’opposition, ont fait de la politique un travail, même un métier, s’opposent, depuis cette date,  à toute amorce de développement de la Guinée obnubilés qu’ils sont par la conquête du pouvoir à tout prix.

Alors qu’être de l’opposition ne veut pas dire s’opposer à tout bout  de champs aux actions du gouvernement, mais plutôt être une force de propositions, ceux-là  estiment que la Guinée ne doit pas se développer tant qu’ils ne seront pas au pouvoir ; tout est donc entrepris (dénigrements systématiques, délations, mauvaises foi évidente dans l’ analyse de certains problèmes, manifestations destructrices du peu d’infrastructure privées ou publiques existantes, des déclarations incendiaires et alarmistes  pour décourager les hommes d’affaires et les investisseurs étrangers, et donner l’impression que leur sécurité n’ est pas assurée en Guinée, etc.) sous  prétexte  d’empêcher la réélection  d’Alpha Condé  en 2015 , tout acquis  pouvant être capitalisé par les partisans de ce dernier en faveur de leur candidat ; on ne devine aucune prospective éclairante dans leur attitude. Toutes leurs actions sont presque dirigées sur la personne de celui-là plutôt que sur ses idées ou ses réalisations.

Pendant ce temps, le peuple continue à souffrir et on cherche à rendre responsable de cette misère ceux que l’on veut chasser  du pouvoir qu’ils ont acquis pourtant démocratiquement; dans cette attitude, on ne fait jamais allusion à la mauvaise gestion pratiquée depuis le 3 avril 1984  à la base de la pénible situation que nous traversons.

Quand est-ce que certains cadres guinéens (nous refusons sciemment de parler d’élite, par ce que nous ne méritons pas  cette appellation) se  comporteront-ils en véritables patriotes et auront-ils pitié du pauvre peuple de Guinée ? Pourquoi certains sont-ils impatients alors que l’alternance démocratique est devenue désormais un fait acquis en Guinée ? Qu’on laisse donc le peuple jouir tranquillement  du « peu de réalisations » conservées  et de celles que   le gouvernement actuel  a réalisées ou est  en train de réaliser au profit de tous. Parce que, qu’on le  dise ou non, il existe réellement  des avancées économiques et financières tangibles ; il faut être aveugle pour ne pas les voir ou en être surpris par rapport à sa propre gestion. Heureusement que les populations bénéficiaires en sont conscientes comparativement à la situation qu’elles  ont intensément vécue sous la Deuxième République-

Il nous semble désormais stupide de s’opposer pour s’opposer. Aucune proposition positive susceptible d’être utilisée par le gouvernement pour améliorer la situation d’ensemble n’est avancée alors  que  l’opposition doit soutenir toute action gouvernementale tendant à améliorer le sort des Guinéens. On n’enregistre que des critiques négatives  qui ne résistent à aucune analyse objective des faits. Le peuple de Guinée doit –il attendre la liquidation du pouvoir en place pour vivre le bonheur qu’il  espère d’avantage ? Et si ceux qui sont en place, par la seule volonté du peuple,  devenaient démocratiquement  des opposants et agissaient de la sorte,  à quand ce peuple  accédera-t-il au bonheur et à la paix définitive auxquels il a droit ?

Les actions de certains cadres de l’opposition  nous amènent  à croire qu’ils feront la même chose que le CMRN, s’ils sont élus présidents de la République  en effaçant tous les acquis obtenus sous la direction d’Alpha Condé. Une crainte que le peuple de Guinée recommencera à zéro à chaque fois qu’il y aura un nouveau régime habite donc  presque tous les Guinéens conscients. Aussi, tirant les leçons de la transition et de la Deuxième République, exigeront-ils désormais que les réalisations de tout précédent régime soient  améliorées et non détruites.

Nous pensons que la recherche du pouvoir ne devant s’effectuer désormais que dans le strict respect de la loi, il est temps que notre peuple,  grâce à l’action courageuse de patriotes sincères et déterminés, parce que mieux informé,  décide de changer la situation anarchique que nous vivons en exigeant  une application effective et stricte de  la réglementation des partis ; leur nombre doit être strictement limité et les activités ou agitations politiciennes mieux encadrées pour empêcher toute attitude   pouvant mettre  en cause  l’unité nationale chèrement et quotidiennement  défendue par des patriotes conscients. Nous ne devons pas continuer à nous comporter en cadres formatés  et  à singer les hommes politiques occidentaux qui n’ont pas les mêmes problèmes et les mêmes valeurs de référence que nous. Attelons-nous à trouver, dans l’entente, des solutions endogènes susceptibles de nous aider à résoudre nos problèmes qui sont parfois spécifiques ; l’exemple de la Deuxième République a prouvé que  les solutions à ces problèmes ne se trouvent toutes pas dans la tenue des milliers de séminaires, ateliers ou qu’elle rencontre encore dont on nous abreuve  depuis le 3 avril 1984. Il est vrai que ces rencontres sont parfois un moyen  d’enrichissement pour certains de ceux qui les financent, de ceux qui les organisent et de ceux qui les suscitent. La maîtrise des méthodes d’analyse ou de recherche et des concepts acquise à l’issue de ces rencontres devrait nous aider maintenant à trouver nos propres solutions  et non  à appliquer ou  adapter les solutions importées. C’est pourquoi nous avons  approuvé Jacques Chirac en son temps quand il  a répondu que « ce n’est pas en copiant les occidentaux que les Africains résoudront leurs problèmes, notamment d’unité nationale… il faut aussi comprendre que nos solutions économiques et financières,  comme nos technologies, ne sont pas forcément recevables telles qu’elles... », Ajouta-t-il.

Prenons, par exemple, la réconciliation nationale ;  il n’y qu’une seule solution :le débat national, public et contradictoire organisé courageusement  par nous et dirigé par nous, peut-être avec l’aide réduite de ceux qui ont pu  résoudre de tels  conflits.  Nous avons perdu du temps et il y a eu, entre temps, accumulation de contentieux essentiellement politiques. Mais ce qui est grave, c’est que des acteurs et témoins essentiels de ces contentieux disparaissent  petit à petit. Or, seul le débat national contradictoire  amènera définitivement la paix en Guinée. Que ceux qui prétendent aimer la Guinée l’aident  à se sortir de ses contentieux  devenus de véritables facteurs de notre non-développement ; qu’ils  contribuent donc financièrement à l’organisation de  tels débats  et cessent de nous abreuver de rencontres, de rapports  qui ne profitent qu’à  très peu de personnes, presque les mêmes, la multiplication des résultats n’étant même pas assurée. Nous avons besoin d’un débat de fond, civilisé et  productif, organisé et dirigé par des Guinéens en tentant d’éviter autant que possible toute ingérence étrangère qui ne fera que compliquer la situation.

Mais revenons à la cause essentielle de la situation catastrophique actuelle du peuple de Guinée : l’existence et l’agitation politicienne de trop de partis politiques.

Constat historique

1955-1958

Contrairement à l’affirmation de certains cadres, la démocratie  et le multipartisme existaient et se pratiquaient déjà entre 1955 et 1958 à travers le Bloc Africain de Guinée(BAG) dirigé par Koumandian Keita, la Démocratie Socialiste de Guinée (DSG) par Ibrahima Barry III et le Parti Démocratique de Guinée-Rassemblement Démocratique Africain (PDG-RDA) par Ahmed Sékou Touré.

S’étant rendues compte que le trucage électoral a plutôt  favorisé l’implantation de  ce dernier parti dans les plus petits hameaux du territoire, les autorités coloniales françaises ont recommandé impérativement la neutralité aux commandants de cercle et aux  chefs de canton, leurs instruments d’oppression et d’exploitation. Ce fut le grand tournant politique : désormais  libres de leur  choix lors des différents scrutins et convaincus que ce choix sera respecté, les électeurs veilleront jalousement à son  application à partir du 2 janvier 1956. D’où l’échec de la plupart  des candidats administratifs : le PDG-RDA devint ainsi le parti  dominant à l’issue des élections législatives, territoriales et administratives entre 1956 et 1958 au point qu’au moment de l’ arrivée du général de Gaulle, le 25 août 1958, c’est ce parti qui exerçait le pouvoir officiel (la semi-autonome)  et le pouvoir réel sur le terrain depuis le 9 mai 1957. D’où la sage décision du PRA-Guinée (BAG ET DSG) de se rallier, dans la nuit du 16 au 17 septembre 1958,  à la position prise le 14 septembre 1958 par le PDG-RDA de voter  non le 28 septembre 1958 au texte constitutionnel de la Communauté française proposé. Les adhésions individuelles au parti unique de fait, le PDG-RDA,  étaient désormais exigées, même des membres des partis ralliés.

1958-1984

Il est vrai que la première constitution de la première  République, adoptée le 10 novembre 1958 et promulguée deux jours après, avait autorisé le multipartisme. Malheureusement, les documents fondateurs (statuts et règlements intérieurs) des formations sociales qui s’y référaient avaient été rédigés à l’Ambassade de France en Guinée par les agents du service  secret français, le SDECE (cf. Roger Faligot et Pascal Krop. La Piscine…Paris, Edition Seuil, 1985). Les autorités guinéennes estimèrent qu’une telle pratique était inacceptable et privait le Parti Progressiste de Guinée (PPG) en avril 1960 et le Parti de l’Unité de Guinée (PUNG) en octobre 1965 de toute base légale ;  que ces formations politiques en gestation seraient de véritables chevaux de Troie, si elles les agréaient, la France étant déterminée à liquider le régime politique naissant. Le général de Gaulle n’avait-il pas dit qu’il voulait Sékou Touré à plat ventre ? Tout était donc possible, disait-on. Le peuple de Guinée devait se défendre pour exister en tant que peuple indépendant et souverain.

Certes, le PDG-RDA était le parti unique de fait, mais la démocratie, c’est-à-dire  l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple  était pratiquée à tous les niveaux des structures politiques, d’autant plus qu’Ahmed Sékou Touré, son  secrétaire général, n’a exercé que des mandats électifs depuis 1945. A cette époque tout se faisait par vote : choix et élections des membres d’un bureau du comité de base, d’un comité directeur  d’arrondissement, d’un bureau fédéral, des membres d’un comité central et du Bureau Politique National à l’issue de congrès ; ce qui ne se fait dans aucun parti actuel. La candidature et le choix des élus étaient libres; aucun membre du parti n’était obligé (n’a été obligé à) de se présenter à un poste électif.  Si  les  candidats à l’Assemblée Nationale étaient proposés par les structures politiques et administratives sur la base de critères stricts, l’élection législative au scrutin universel était obligatoire; tout  le peuple était consulté pour l’élection de ses députés.

C’est le coup d’Etat du 3 avril 1984 qui mit fin à cette forme de pratique démocratique.

Mais quelles que soient  l’opinion que l’on peut avoir sur le bilan de la première République et les vicissitudes de son histoire, il est difficile de ne pas tenir  compte du  contexte social et des impératifs  prévalant à cette époque, de ne pas  reconnaitre  que le parti unique  a créé une Nation guinéenne, l’unité nationale en Guinée. Même l’Eglise, qu’on ne peut accuser de sympathie envers le PDG-RDA et Ahmed Sékou Touré, a reconnu lors de la conférence épiscopale de Conakry en décembre 1996, que sous la direction de ce dernier, il a été créé un Etat et une Nation avec « un type d’homme guinéen caractérisé par une fierté et une conscience patriotiques  qui ont contribué , d’une façon décisive, à construire l’unité nationale » ; qu’en son temps, « le Guinéen ne se définissait pas par rapport à sa région, à sa langue, à son opinion, à sa famille, mais uniquement par son appartenance à cette terre, à ces territoires géopolitiques qui s’appellent la Guinée ».  Ce qui a été presque détruit depuis la restauration anarchique du multipartisme, sans l’avis du peuple de Guinée.

3 avril 1984-30 décembre 1990

Au  lendemain  du coup d’Etat, la grande majorité des cadres guinéens, s’inspirant du cas sénégalais, l’institution en 1976-79 du multipartisme limité à 3 ou 4 partis politiques (Loi sur les courants idéologiques et sur l’organisation des partis) avant l’officialisation du multipartisme intégral dans ce pays, approuvait  le Président Lansana Conté qui militait pour le bipartisme (deux partis) ;  ce qui aurait  obligé tout parti politique  agréé à s’implanter dans  tout le territoire afin de préserver cet acquis unitaire de la première République.

La Loi Fondamentale, adoptée par référendum en décembre 1990, avait institué le bipartisme pour consolider l’unité nationale héritée de ce régime (l’article 95, alinéa 1).

A partir de 1991

Malheureusement, sous la pression de certains pays étrangers, qui supportent encore mal cette unité et qui ont imposé la pratique politique à l’Occidental avec des comportements qui jurent avec nos mœurs et coutumes,  et de  certains  cadres guinéens qui comptaient sur leur ethnie pour se faire élire,  ladite loi  fut  violée. Il a été exigé et obtenu,  du CMRN qui se cherchait, n’ayant jamais eu une vision politique claire et précise, la légalisation de ce  viol   et la promulgation, le 23 décembre 1991, d’une  loi organique « portant modification du nombre de partis susceptibles d’être constitués » adoptée par une structure illégitime, le CTRN : le multipartisme intégral fut institué ; cette loi   remplaça l’ancien article 95  sans que l’on consulte le peuple  sur  cette modification fondamentale d’un texte qu’il avait  adopté par référendum.  On a ainsi  privé les citoyens de leur droit et devoir. C’est  l’origine  du multipartisme anarchique et désintégrateur  actuel : 151 partis  et 9 alliances s’agitent actuellement  sur le théâtre politique guinéen.

Le viol a continué puisque le texte adopté par référendum en 1990 a encore été revu, adapté et récemment adopté  par une autre institution illégitime, le CNT, sans soumettre le texte final au verdict du peuple (référendum). Et l’on parle de démocratie !!

C’est dire que  le mérite du CMRN,  c’est d’avoir restauré le multipartisme en Guinée ; et donc démagogique d’affirmer que  le Président  Lansana Conté  est le père de la démocratie  et du multipartisme en Guinée.

Nous tenons d’ailleurs à préciser que la démocratie n’est pas synonyme de multipartisme. Il suffit de parcourir les pratiques politiques des maîtres à penser de certains cadres formatés guinéens. On se rendra  très vite compte que le parti est un moyen, un instrument dont se sert le peuple pour exercer son pouvoir, soit dans le cadre d’une démocratie unitaire,  soit dans celui  d’une démocratie  multipartite. L’on confond  ainsi sciemment  le contenu et le contenant  pour épater les naïfs et  tromper le peuple.

Pour revenir au thème choisi, il existe une charte des partis, l’une des moins contraignantes de la sous-région,  qui énumère un certain nombre de conditions pour la création et l’existence d’un parti.

Si les mesures  exigées par cette charte étaient respectées, nous aurions évité l’anarchie ordonnée que nous vivons depuis l’agrément de tous ces partis politiques.

En effet, en analysant froidement le théâtre politique guinéen, on retient, entre autres, les faits suivants :

Les dirigeants et cadres des partis

-Deux dirigeants politiques ont seuls une  ancienneté reculée: Alpha Condé et Jean-Marie Doré, qui sont des acteurs et témoins de l’histoire de la Guinée depuis 1958.

-Presque tous les autres dirigeants sont les purs produits du coup d’Etat du 3 avril 1984 ; certains  ont même  géré la Guinée jusqu’au décès du général président Lansana Conté ; ceux-là sont donc responsables en grande partie de l’état économique déplorable dont nous souffrons aujourd’hui.

Au temps de la Première République, la Guinée avait des centaines d’usines variées , un chemin de fer réalisé sous le régime colonial français par le travail  forcé imposé aux masses populaires guinéennes de 1900 à 1919, une compagnie aérienne, Air Guinée, très populaire à l’époque, la fierté de l’Afrique et qui disposait, à la mort du Président Ahmed Sékou Touré, d’un Boeing 727, d’un Boeing 707, d’un Boeing 737, d’un AN 24, d’un Dach 7, d’un Illichine et de 2 cargos pour les pistes difficiles de Sambaïlo, Siguiri et Nzérékoré ; elle avait également 4 bateaux (2 vraquiers et 2 caboteurs) et un minéralier de Guinomar ; tous ces acquis résolvaient les problèmes essentiels  du peuple  de Guinée et lui ont permis de résister à toutes les opérations de déstabilisation organisées contre la Guinée. Ils ont été bazardés sous la transition et la Deuxième République au profit de certains auteurs du coup d’Etat, des responsables et cadres de ces partis ; de même  les richesses minières ont été bradées à leur  profit ; ce qui a permis à quelques-uns  de créer et d’entretenir  leur  instrument  de conquête du pouvoir ; la plupart sont également soit responsables, soit profiteurs de la  liquidation des Fermes agro-pastorales d’arrondissement (FAPA) dont certains cadres civils ou  militaires  s’étaient  accaparés des domaines agricoles ;  des périmètres d’expérimentation agricole de Foulaya, de Maréla et de Macenta, des fermes pilotes de Famoïla  et de Ditinn ou des bâtiments publics. La plupart d’entre  de ces  dirigeants ou cadres  qui s’agitent  sur la scène politique guinéenne se sont donc  enrichis au cours de cette période, donc constituer  le butin de guerre pour  leur  combat politicien  actuel.

Ce qui a été traduit dans la strophe d’une chanson devenue, à l’époque, très populaire: « Ebirin mati, émou sésséti » (en soussou) ; « ils ont tout vendu ; ils n’ont rien construit »

Il serait intéressant que tous ces dirigeants et cadres guinéens de partis politiques, candidats ou animateurs à l’élection présidentielle de 2015, acceptent, avant le scrutin,  des débats contradictoires sur l’origine de leurs richesses financières, de leurs biens mobiliers et immobiliers  in situ et à l’étranger alors qu’au 3 avril 1984 tous, du moins ceux qui résidaient en Guinée et qui n’étaient  encore  qu’élèves  ou   étudiants, ne vivaient que de leur maigre salaire de fonctionnaires ; cela permettra  de mieux éclairer le peuple sur les conséquences de son choix. Une exigence patriotique qui animera certainement des journalistes  guinéens.

Option idéologique

A part  deux ou trois partis,  presque aucune  de ces formations ne se réclame  d’une base idéologique sérieuse ou d’un véritable projet de société.

Les instances

Très peu de ces partis tiennent également des assemblées générales régulières à plus forte raison des congrès, la grande majorité des partis agréés n’ayant  que  quelques membres sinon réduits au président,  à sa famille et à ses amis. Aucune éducation civique des membres du parti n’est organisée, d’où le vandalisme qui se pratique au cours de toute manifestation politique de rue dont l’objectif principal inavoué est d’éloigner les investisseurs étrangers.

Le parti ne vit que de son Président.  Aucun congrès véritable ne se tient ;   créé ou financé par un homme qui veut être coûte que coûte président de la République, le parti  ne donne, à ceux qui se disent  ses « militants »,  aucune possibilité de contester sa candidature, les partis agréés étant seuls  autorisés à présenter des candidats.  Et l’on parle de démocratie à l’occidental comme étant  la seule référence !!

Compte bancaire

L’ouverture d’un compte bancaire est une autre condition  exigée pour la création d’un parti. En fait, pour  certains,  la création  de parti était un moyen de s’enrichir,  des fonds du gouvernement pouvant être octroyés  aux promoteurs.   D’où la prolifération des partis.

Le siège social

Une autre condition exige que chaque parti dispose  d’un siège social, ce qui devrait    faciliter  tout contrôle  d’existence véritable dudit parti. Entreprise une première fois, la vérification a obligé certains partis  à abandonner le domicile du créateur et avoir désormais  et parfois momentanément  un siège.   Cherchez à localiser aujourd’hui certains sièges serait  le parcours d’un combattant.

Si le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation avait continué cette solution salvatrice qu’il avait commencée à appliquer : exiger  la disposition de  siège par chaque  parti et demander un  rapport à chaque préfet  sur l’implantation effective de chacun des  partis dans sa sphère territoriale, certaines formations politiques  auraient disparu. Hélas ! Il bloqua son action de clarification politique, sans autres explications.

Le  choix du Peuple

A l’issue de la récente élection législative, le peuple de Guinée a choisi les partis qui le représenteront  à l’Assemblée nationale durant les cinq ans à venir. Cette sentence démocratique doit être respectée et renforcée contre vents et marées.

Ainsi, pour  éviter le gaspillage et la dilapidation du budget national, il existe une  charte  des partis qui stipule que seuls les partis ayant des députés à l’Assemblée Nationale  bénéficieront  des subventions de l’Etat et précise les modalités de répartition desdites subventions ; elle   doit être respectée en son article 24.

Les autres partis  qui n’ont pas présenté de candidats ou qui ont été  éliminés à l’issue d’un  scrutin bien encadré pourront exister et vivre de leurs ressources propres ; ils ne devront compter sur  aucun  subside de l’Etat jusqu’ à ce qu’ils aient des députés.

En Guinée, nous insistons, le peuple a réduit le nombre des formations politiques pouvant défendre ses intérêts pendant cinq ans.  Il faut se conformer à ce choix en appliquant correctement  et strictement les lois et règlements qui les régissent, si nous militons pour une vraie démocratie. Toute autre décision serait une insulte au Peuple souverain de Guinée et  continuerait à entretenir des conflits superficiels et retardataires organisés par des hommes politiques parfois  irresponsables. Le laxisme du gouvernement a fait trop de tors  aux populations de Conakry.

Nous référant  à notre histoire, nous pouvons affirmer que la Guinée a accumulé une somme d’expériences qui, bien analysée en dehors de toute passion, de toute polémique inutile,   peut nous permettre, si nous n’étions pas obnubilés  par la gymnastique conceptuelle  de quelques cadres guinéens formatés ou d’ « experts » étrangers, d’aborder de façon endogène la plupart des problèmes qui nous assaillent.

L’organisation et l’agitation politicienne  sont de celles-là. D’où nos propositions :

1. Révision de définition

Même si toutes les formations sociales agréées se disent partis, nous pensons qu’il  y a lieu de les classer désormais en  deux catégories pour le besoin de la cause  que nous devons défendre donc en négligeant les  définitions consacrée, à l’origine de la situation politique actuelle.

En Guinée,

Le Parti, c’est la formation sociale ayant un ou des députés à  l’Assemblée nationale, siège du pouvoir législatif et cadre approprié pour des débats de société qui, seuls, intéressent le peuple laborieux de Guinée et ses véritables amis.

Le Mouvement, c’est celle qui n’y est pas représentée, puisque c’est le peuple qui l’exclut pendant cinq ans  de  l’exercice de son pouvoir législatif.

Pour une application effective  de ces distinctions, nous pouvons procéder comme suit, durant  les cinq ans de législature de façon stricte et désormais.

Nous maintenons toutes les formations sociales agréées en précisant la fonction de chacune d’elle. Ainsi

A / Le parti aurait deux centre et deux  modes d’action :

- Remplir correctement ses tâches à  l’Assemblée nationale.

- Pouvoir manifester dans les lieux publiques, dans le respect strict  des lois et règlements en vigueur sous peine de sanctions qui devront être, cette fois, effectivement appliquées, puisque  préalablement connues de tous les Guinéens.

- Participer aux élections locales, le développement local étant la tâche fondamentale des mairies et des CRD où les partis peuvent commencer à appliquer  leur projet de société  et  ce qui permettrait aux  populations concernées  de les apprécier et se rendre compte du sérieux de leur  promesse électorale.

B/Le mouvement n’aurait qu’un mode et un centre d’action

- l’éducation civique, sur des thèmes non politiques à travers des conférences, ateliers, séminaires, etc.

-Participation aux élections locales, le développement local étant la tâche fondamentale des mairies et des CRD où les actions des   mouvements peuvent être comparées à celles des  partis qui siègent à l’Assemblée Nationale. Donc possibilité pour  les électeurs de faire un meilleur choix aux prochaines élections législatives, entre les projets de société des partis politiques candidats.

- Mais interdiction  doit être faite à tout mouvement donc à toute formation  sociale non représentée à l’Assemblée Nationale  de participer aux activités des partis retenus par le Peuple (manifestation de rue, meeting, assemblée générale, conférence, congrès, etc.)

Pour compléter ces propositions  et mettre fin à l’agitation politicienne devenue criminelle puisqu’elle accroit  davantage la misère du Peuple,  toute alliance devrait être  interdite entre un mouvement et un parti.

-Le gouvernement ne doit pas agréer les alliances des partis ; ceux-là doivent être libres de  s’associer,  former des alliances, sans avoir besoin d’une caution officielle qui risque de devenir à terme une contrainte pour le gouvernement.

Pour terminer, nous espérons des débats civilisés qui se poursuivront à l’Assemblée Nationale ([1]) en vue du vote d’une seule loi réglementant, de façon endogène, la création et le fonctionnement des partis politiques en Guinée, avec réduction de leur  nombre  par le respect scrupuleux des textes les  régissant ou par voie électorale (référendum).

Nota bene

(1)Notre lettre du 30 avril 2014 (déposée au secrétariat particulier de monsieur le Président) aux députés  portant sur trois questions dont la réduction du nombre de partis est restée sans réponse, même pas un accusé de réception, comme il se doit…

Sidiki Kobélé Keita

sidkobe@yahoo.fr

664.21.11.78

655.58.93.8




Sidiki Kobélé KEITA

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