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Les causes principales de sous-développement des Pays Africains et particulièrement la Guinée : sont-elles internes ou externes ?
Synthèse réalisée par : Amara Nabé et Ibrahim Cissé
Émails: amaranabey@gmail.com et cizy16@yahoo.com
extrait :
Cet article est une synthèse du débat entre quelques membres du Club Franco Arabe (CFA), qui sont des anciens élèves principalement de l'école Franco-Arabe (Guinée-Conakry) des années 90s. Le sujet qui y est débattu, est centré sur les causes du sous-développement de l'Afrique en général et de la Guinée en particulier. La question est: sont-elles internes ou externes les causes de notre sous-développement? Le champ d'application examine le problème de leadership, de l'intelligentsia, de la relation – coopération – unilatérale de l'occident vers le continent noir. Enfin, les conclusions générales sont présentées.
Introduction
L'indépendance politique avait donné un optimisme immense à nos jeunes «nouveaux» pays dans tous les domaines pour une meilleure vie à travers le continent africain. Cependant, les mécontentements, les frustrations, la désillusion et le désespoir ont été les principales réalités de cette attente de l'Afrique post-coloniale en raison, principalement, de la mauvaise gouvernance. Malgré la qualité de leur formation, la plupart des politiciens africains, mouvances comme oppositions, agissent de façon irresponsable, ce qui détériore davantage les situations déjà déplorables.
Dans ce document, les points suivants sont abordés; causes internes, cause externes et la relation unilatérale Nord-Sud. Après ceux-ci, les conclusions générales sont tirées dans la section finale relative à l'étude présentée dans le présent document. En d'autres termes, on ne peut nier les causes externes aux problèmes africains, mais la résolution des causes internes est la condition préalable à la résolution de tous ses maux.
Causes internes
{[...] En vérité, Allah ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même.} [Sourate 13 - Verset 11]
Les causes internes de nos retards dépendent de deux principaux facteurs; premièrement, le Leadership – si les différents gouvernements qui se sont succédés à la tête de leurs pays ont près que tous échoué à poser les bases de développement, le cadre des institutions Étatiques; mais ont excellé à la dégradation de l'état naturel des pays providentiellement riches. La majorité pour ne dire tous, des chefs d'État sont dépourvus des formations nécessaires pour conduire un État souverain. Ce manque de compétence se traduit dans la gestion de toutes affaires du pays; politique, économique, sociale et environnemental. Par conséquence, les affaires sont expédiées le pays, au fil de temps, devient le pré-carré d'autres États ou des multinationales. Les ressources naturelles qui doivent apporter du bien-être aux citoyens se transforment en malédiction.
Par-dessus tout, ce sont ces dirigeants africains par leur manque de visions et par leur affairisme rendent leurs pays dépendant des aides conditionnées «cadeaux empoisonnés» des pays développés. Mais qui dit État sous-entend une administration composée des hommes instruits, et ces hommes on les désigne comme des intellectuels. L'autre cause fondamentale de marche à reculons de nos patries.
Deuxièmement, les intellectuels – l'épine dorsale de la nation – ont également une grande part de responsabilité dans ce problème. Ils sont la tête pensante du pays. Cette frange de la population doit être sur pied de guerre à l'étude et l’examen des problèmes qui pleuvent sur leurs pays. Ils sont censés trouver des solutions concrètes pour sortir le pays du champ de mines sans dommage aucun. Ils se doivent être de technocrates neutres si possible apolitiques. Malheureusement, la classe intellectuelle en Afrique fait partie des clans des mafieux. Ils troquent leurs tenues d'instruit contre des billets de banques, des privilèges spéciaux et d'autres au détriment de la population.
En effet, un académique est le contre poids parfait des pouvoirs exécutifs. À l'instar des opposants, eux ils situent entre le bas peuple (les gouvernés) et les gouvernants. Ils repèrent les points de malaises et offrent des solutions aux autorités. En Afrique, les érudits viennent, contre toute attente, allonger la liste de suites (des courtisants) des hommes d'État qui ont déjà échoué leur mission. Face à de telles évidences, l'on aperçoit la déchéance de la nation et l'effondrement de tout le système.
Pour ainsi dire, ces deux forces pré-citées sont les artisanes de masse et ce sont eux qui posent les jalons du développement. Le développement dans son sens général et particulièrement le développement du capital humain, la base tout progrès. Au contraire, l'association de deux piliers de l'État réussit avec brio le pillage des derniers publics et le détournement de fonds de développements.
Les défauts de ces deux responsables sont le manque du patriotisme, l'égoïsme, la paresse et l'incapacité. Si le leadership et l'intelligentsia ont pris une grande partie des causes de sous-développement du continent africain, d'autres corps sociaux ont leurs lots de responsabilité. La participation des soldats pro-colonialistes africains à la conquête des empires et royaumes africains; la faiblesse causée par des guerres internes de royaumes et empires africains les uns contre l’autres a facilité les conquêtes étrangères; la complicité de certains chefs noirs dans l'esclavage; et la trahison des certains hommes d’états pères de l’Independence politique dans la lutte des sécessions avec les colonisateurs sont des éléments à prendre en considération.
Il en est pas moins grave que de diviser sa population pour régner. L'ethnocentrisme, régionalisme ou le tribalisme sont devenus de tremplins pour les politiques africains sans visions ni programmes de développement s'assurer du règne de pays déjà désabusés. Une situation latente qui conduit généralement aux guerres civiles. Des guerres qui font perdre les garanties et la sécurité qui sont les gages officiels pour attirer des investisseurs. Pire encore elles font fuir les ressources des pays vers l'étranger avec la complicité de dirigeants politiques et les chefs de guerres. Cette cause ou raison est comme un cancer qui ronge le peu d'acquis et atout que nous avions. Cette pratique dynamite la cohésion sociale pour provoquer le changement nécessaire, elle fait barrage au sursaut national. Conséquences l'éveil devient utopique et on s'engouffre dans l'abîme.
D'autres ont mis l'accent sur la corruption généralisée dans le système d'État. Elle sape le mérite au travail. L'effort n'est plus récompensé, être le mieux qualifié cède place au mieux financé et plus proche, le résultat est que «l’homme proche du pouvoir / le riche homme à la place qu'il ne faut pas». Cela engendre des mauvaises qualités de services dans tous les secteurs du développement; économiques et socio-culturels. À cause de la corruption, il y a moins ou pas du tout de/du: prospérité – détruit la croissance économique; respect de droits – affaiblit les institutions; emploi – permute le mérite contre népotisme; service public – anéantit le système de santé, bafoue l'éducation et l'ordre public.
Il appartient aux Africains de bâtir leur maison de bonheur. Le changement réel et plausible ne peut venir que de l'intérieur du continent. «Réveille-toi, Afrique».
Causes externes
«La victoire d'un athlète ne dépend que de son départ»
Si des nombreux intervenants ont pointé du doigt les sources nationales et locales aux maux du continent noir, d'autres relativement indiqué des facteurs étrangers. Parmi ces origines du sous-développement de l'Afrique en général et la Guinée en particulier; la colonisation, les relations unilatérales entre la France ou les pays occidentaux et les pays anciennement et, malheureusement, actuellement dominés.
La colonisation a été un véritable étau autour du continent, qui l'a compacté économiquement et culturellement. Cette situation lui a laissé une trace indélébile. Mais il ne faut surtout pas regarder uniquement du côté de l'histoire. Le présent est encore pire. Les rapports [incestueux] opprimants qui se sont établis entre l'Afrique et l'Occident continuent de mettre dans une situation de dépendance de telle sorte qu'il faut une véritable révolution pour mettre terme au phénomène.
Si la colonisation a pillé les ressources naturelles des pays colonisés, elle leur a aussi laissé des héritages infectes qui leur a fait perdre de temps précieux pour se reconstruire, « nous avons hérité des territoires et des modes d'administration dont nous n'avions ni les ressources humaines, ni financières...pour faire fonctionner». Le fantasme de l'homme surpuissant qui anime l'homme noir et la capacité de nuisance de l'Occident sont de facteurs qui nous ont mis là où nous sommes, martèle l'intervenant.
La Relation unilatérale «La complicité occidentale et redevable car elle en est pour beaucoup aux soubassements de l'édifice de nos états». De quelle complicité parle-t-on? Depuis leurs indépendances les pays africains enregistrent le plus de nombres de coups d'États militaires, de crises politiques, de conflits et de guerres civiles. Cette instabilité politique fait fuir les capitaux privés, nationaux et étrangers, et augmente l'inefficacité de l’état pour participer au développement des pays. Force est de noter que ces putschs, pour les historiens et politologues, ne se font pas sans la bénédiction de l'occident. Comme l'assassinat des pionniers panafricains, ces leaders intègres qui pouvaient changer la destinée de leur pays.
Qui sont ceux qui ont assassiné les espoirs et espérance de nations? N'est-ce pas sont ceux qui ont orchestré l'assassinat de Félix-Roland Moumié du Cameroun? Ou encore Patrice Lumumba qui a été sauvagement abattu avec la complicité de la CIA? Et bien d'autres figures de proue de la grande Afrique.
À la lumière de ce que nous venons de lire, on comprend que si l'Afrique d'une part est directement responsable de ses propres malheurs, d'une autre part les pays occidentaux sont comptables d'autres responsabilités. En outre ils cautionnent, sous couvert des accords de coopération pour la protection de leurs intérêts; les atrocités, les violations des lois internationales des coopérations bilatérales et ils se rendent coupables des crimes à effets atomiques.
Conclusions
Si nous analysions ces situations avec perspicacité et objectivité, alors nous trouverons des solutions à nos problèmes. Ça sera mieux de se retenir de blâmer les non-africains pour les retards africains, telle que la franc maçonnerie, la colonisation ou, même, l'esclavage. Cela ne veut pas dire que les non-africains n'ont pas participé aux retards africains, mais la réfutation est que les causes internes sont à plus récriminer et les solutions aux différents problèmes africains sont des responsabilités inéluctables des africains. Le monde est en permanente joute ou chaque groupe social lutte pour sa survie. Ni la communauté internationale, ni le Nord ne se substituera aux Africains pour leur tracer des solutions. C'est à nous de faire un travail de prise de conscience, de responsabilisation et sensibilisation sur nos défauts et promouvoir nos valeurs. Nos efforts sont des apports aux soutiens extérieurs.
Pour la Guinée et comme les autres pays africains, les causes des retards sont globalement internes, qui comprennent le manque d'ambitions et de visions, le manque de dialogues socio-politiques, corruption généralisée et malversations des deniers publiques. D'où il est important de souligner que pour lutter contre ces fléaux nous devons avant tout encourager les partis politiques fondés sur une base élargie. Qui se caractérisent par leurs programmes de société et par leur orientation politique. Le genre de parti qui mise sur ses atouts politiques qu'ethniques. Renforcer l'État de droit doté des institutions puissantes et indépendantes. Cet État qui sera capable mettre en place des mesures juridiques, pénalisant toute forme de références ethniques des responsables politiques et administrateurs. Il est important de dépolitiser les organisations sociales, communautaires, régionales et ethniques. Il doit strictement être interdit aux politiciens de s'allier, pour des fins électoralistes, à une communauté quelconque. Cela pourra atténuer la recrudescence des violences inter ethniques. Des lois dures doivent être votées pour protéger la cohésion sociale qui est le socle de développements. Il s'ajoute à cela la lutte contre la corruption et la mal-gouvernance.
Dans le cas de la Guinée, il n'en est pas moins vrai que l’ancienne puissance coloniale a rompu ses relations avec le pays au lendemain de son accession à l'indépendance et qu'elle ait voulu la déstabiliser. Cependant avec les moyens nécessaires, elle (la Guinée-Conakry) pouvait faire mieux s'il y avait du sérieux et de la sérénité.
Pour résumer, la pauvreté extrême est le résultat de notre travail accompli et la solution n'est rien d'autre que la concrétisation du programme de bien être pour tous, qui est accompagné de l'éveil et la volonté de réformer et de mettre nos idées en action pour développer. Pourtant, la chose la plus difficile dans la réforme c'est d'avoir des millions de bonnes idées, avec une politique de dépendance. On n’arrivera à rien si nous continuons à attendre notre décollage de l'extérieur. Nous Guinéens devons profondément réformer de l'intérieur. Il ne faut rendre le Nord responsable des réductions drastiques des financements extérieurs et des aides. Nous avons sapé la confiance et nous nous sommes laissé tomber, par conséquent, le monde extérieur a perdu confiance en nous et ils n’ont aucun respect pour nous – « Les pauvres et les mendiants ne sont guère estimés ». Nous pouvons changer les choses à condition que nous travaillions main dans la main et assez bien pour rattraper les pays émergents et c’est en ce moment que la perception négative sur le pays peut devenir positive. Cela veut dire que le changement c'est nous – que nous devons changer nos situations en meilleures et aucun étranger pourra le faire pour nous.
Évidemment, la synthèse peut être biaisée parce que les deux co-auteurs sont du côté de la maison qui croit que le sous-développement de l'Afrique est lié à des causes internes. Ils pourraient volontairement ou involontairement essayer de sauvegarder leur position et lui donner plus de portée. Cependant, la synthèse est basée sur la collecte des deux avis du débat sur le Forum concernant nos situations actuelles. Pour finir, l'introduction et les conclusions ne sont pas du Forum, mais les deux co-auteurs. La première et la seconde partie du texte – les causes internes et les causes externes – sont du Forum.
Références
Sourate Al Ra’ad 13:11, Le Saint Coran.
Amara NABÉ & Ibrahima CISSÉ
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