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ETONNANTE, EFFARANTE GUINEE, MON PAYS (Suite 3)

C’EST POUR CONTINUER NOTRE PAGE D’HISTOIRE

I-NOS ORIGINES

La tradition rapporte, comme nous l’avons déjà vu, que nos ancêtres étaient bien les Wangaras. Elle rapporte en plus que lorsqu’ils arrivèrent, par petites vagues (tout le monde ne marchant pas à la même allure !), dans les contrées qui incluent notre pays actuel, les Wangaras trouvèrent d’autres populations sur place, les véritables aborigènes de la zone, caractérisés par leur taille qui était très petite. Il s’agissait des ancêtres de nos Pygmées actuels.

Aussitôt, la distinction fut établie au niveau de l’appellation des deux groupes de populations, dans la langue des nouveaux venus, le N’KO, qui signifie : ‘’je dis’’.

- les Wangaras furent appelés ’’ Möh djan’’ (les gens de grande taille),

- et les autochtones : ‘’Möh koudounin’’ (les gens de petite taille).

De nature très sociable, les Wangaras avaient tenté alors une cohabitation pacifique et harmonieuse avec leurs devanciers. Hélas, les Pygmées eux, ne l’envisagèrent nullement de cette façon-là. Ils évitèrent tout contact avec les arrivants et entreprirent de vivre cachés et loin d’eux. Du moins en apparence. En effet, très rapidement, ils s’organisèrent en grand secret et passèrent à l’offensive aussitôt : se fondant dans la nature tant que le soleil luisait, ils surprenaient les ‘’Möh djan’’ dans leur sommeil au cœur de la nuit, et leur écrasaient le crâne avec des blocs de pierre.

Les Wangaras se trouvèrent dans la contrainte de réagir de façon appropriée pour se défendre. Or, il n’y a pas de meilleure défense que l’attaque. Les forces étant, bien sûr, absolument inégales, les Pygmées durent rompre très vite. Ils abandonnèrent ainsi leurs territoires, et s’enfoncèrent en profondeur dans les forêts inviolées de l’Afrique centrale où, cinq mille ans après, ils vivent en assez grand nombre encore.

En vérité, quelle que soit la violence d’une invasion, d’une conquête ou d’une occupation, même lorsqu’elles provoquent des exodes massifs, tout le monde ne part jamais. Dans le cas de nos Pygmées, un certain nombre décida de demeurer en ces lieux, tout en optant de façon définitive pour une vie clandestine absolue, au fond des forêts tropicales de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, de la Sierra-Léone, du Libéria, ou du Ghana actuels, etc.

En Haute Guinée par exemple, jusqu’aux années 1950, lorsque les gens de ma génération grandissaient dans nos villages, on entr’apercevait encore, très rarement et très furtivement, à la tombée de la nuit généralement, un de ces minuscules et énigmatiques petits personnages ; en tout cas jamais plus de deux à la fois. Ils avaient fini par entrer dans la légende chez nous, sous le nom de ‘’Kömöh Koudounin’’, c'est-à-dire, ‘’le petit nain idiot’’. Perçus alors comme des êtres à mi-chemin entre l’homme et le génie, on leur prêtait un pouvoir maléfique. A cause sans doute, des réminiscences dues aux peurs que les psychismes wangariens avaient enregistrées à la suite des crimes dont leurs ancêtres avaient été les victimes à leur arrivée.

(Je voudrais rapprocher cette légende de chez nous, de celle des ‘’lutins’’ chez les Blancs, pour m’interroger sur le phénomène du nanisme dans l’histoire de l’humanité. N’est- ce pas, mon cher Watson ?’’! Aurait pu s’écrier un certain personnage fort célèbre).

Un autre phénomène exceptionnel de cette histoire sans âge, c’est cette ténacité du souvenir qui nous permet de savoir aujourd’hui, avec une précision inouïe, que le Wouladah, province à la rentrée de la Haute Guinée, entre Dabola et Kouroussa, fut une zone d’habitation privilégiée des ‘’Möh koudounin`’, les Pygmées. Et, plus précisément encore, on sait aujourd’hui que le village ‘’LOROMBO’’ porte un nom pygmée. C’est un nom qui n’est pas en tout cas wangarien, pas ‘’N’ko’’.

II-LA SUITE DE L’HISTOIRE :

1%- LIGNAGES ET IDENTITES DES FAMILLES ET TRIBUS.

La fin des hostilités Wangaras ou ‘’Möh djan’’, et Pygmées ou ‘’Möh koudounin’’, fut en même temps le début d’une longue période d’organisation, d’expansion et d’établissement de règles, de conventions, de structures existentielles, sociales et humaines. Pendant vingt siècles au moins, une croissance démographique élevée, induisant une intensification de plus en plus accélérée du phénomène de lignage familial et du processus de tribalisation, imposa aux premiers patriarches la nécessité de créer, de mettre au point des procédés d’identification et de reconnaissance, en matière d’appartenance familiale et tribale. C’est dans cet objectif précis que fut inventé le ‘’tatouage’’, avec l’adoption de marques et de signes propres aux individus d’une même ascendance ou d’une même provenance ‘’territoriale’’ ; ce dernier concept devant être considéré avec mesure. Par exemple, les expressions :

‘’ Téléböka’’ (ceux du levant), ‘’Köödoukâ’’ (ceux du Nord), ‘’Worodoûka’’ (les gens du Sud), ‘’Télébéédö- (pour l’ouest), ou Lambâssi (autochtone), n’avaient aucune connotation discriminatoire, ou exclusionniste, et c’est par le sens de ces expressions qu’il fallait comprendre la notion de territorialité.

Les tatouages étaient gravés sur le front, sur les tempes ou sur les joues ; sur la poitrine, le dos, les membres ; etc… ; selon la lecture qui devait en être faite. Plus tard, l’extraordinaire génie des Wangaras leur fit inventer et adopter la ‘’Patronymie’’, qui a permis une identification progressive des gens en fonction de faits ou d’actions d’éclat, de caractères ou d’attitudes de sagesse ou de moralité avérées, d’aptitudes, de spécialités, de compétences ou de génies divers ayant marqué notoirement la vie d’un patriarche, d’une famille, d’une lignée, etc. Nous en verrons, un peu, l’illustration, plus loin.

Au début, les patronymes étaient attribués sans préjudice pour les tatouages. Puis, les évolutions aidant au fur et à mesure, certains (la majorité, actuellement !) trouvèrent leurs tatouages inutiles et les abandonnèrent. De nombreux groupes cependant, les pratiquent encore, au Niger par exemple, au Nigeria, au Burkina Faso, ou dans certaines tribus forestières de chez nous, en Guinée, mais uniquement en tant qu’expression de valeurs culturelles, spirituelles, religieuses, ou tout simplement folkloriques, désormais.

2%- LES WANGARAS : POPULATIONS ET IDIOMES.

L’explosion démographique entraîne toujours des mouvements migratoires des populations, et la nécessité pour elles d’occuper de nouveaux espaces. Elle est donc aussi à l’origine de l’augmentation du nombre d’individus de toute cellule familiale, de l’explosion, de la dispersion de celle-ci, et de l’éloignement au fur et à mesure de ses éléments à travers l’espace. Elle favorise aussi, et surtout, les rencontres et les brassages de ces éléments avec ceux d’une ou de plusieurs autres cellules familiales dans le temps et dans l’espace. Il y a alors expansion, fécondation et enrichissement sociaux et humains. (C’est tellement banal que j’ai envie de dormir : excusez-m’en !).

Les Wangaras, très anciens peuples d’exode, n’ont pas échappé à ce schéma classique de l’évolution des peuples, même si notre Histoire officielle, retenue par des ‘’codes’’ et des ‘’rênes’’ qui sont plutôt réducteurs et plutôt directifs, n’a pas encore su se donner les moyens d’enregistrer dans ses anales, la belle page de ce peuple ancien. Ce qui la prive en même temps d’une meilleure connaissance de ses descendants, en lieu et place des notions tronquées et déformées que prônent certaines ‘’Institutions spécialisées’’ de la France coloniale, qui ‘’règle ses comptes’’ avec la Nation N’KO ! C’est dommage. Mais c’est surtout bête. On le verra plus loin.

En réalité, tous les Noirs de ‘’taille normale’’ d’Afrique, sont issus de ces peuples d’exode qui, par vagues successives, ont dû abandonner leur ‘’Egypte’’ aux mains des ancêtres des populations ‘’blanches’’ actuelles de ce pays. C’est l’Histoire. Un point c’est tout !

Les contrées où ces vagues d’exilés trouvèrent refuge, le temps et les réalités en perpétuelle modification, ont conditionné la naissance de nouvelles ‘’Nations’’, et la mise au point progressive de nouveaux ‘’Parlers’’.

Pour l’Afrique de l’Ouest, deux idiomes principaux dérivèrent du ‘’wangarien’’ originel.

Deux ‘’Parlers’’, qui ont campé les deux plus importantes composantes du MANDEN.

3%- Il FAUT DEFINIR LE MOT ‘’MANDEN’’ TOUT D’ABORD.

Avant le ‘’Dakadjala-Ladèn’’, aucun esprit malin ne doit jouer à proclamer et à soutenir qu’il y avait un territoire qui s’appelait le ‘’Mandén’’ ou ‘’Manding’’ ! Le ‘’Dakadjala-Ladèn’’, ce fut l’extraordinaire et mémorable Veillée d’Armes qui avait réuni tous les Chefs et Rois décidés à mettre un terme définitif aux incursions meurtrières et dévastatrices du Roi de Sosso, sur leurs territoires.

En effet, celui-ci n’avait jamais été intéressé, par exemple, par la fondation d’un Empire, ni ne s’était soucié d’autre chose que du pillage et de la capture de tous les bras valides dans tous les Etats de la Contrée, que le sien dominait tous, pris isolément. Ce sont ces Etats-là qui avaient donc décidé de mettre l’ensemble de leurs capacités en commun pour affronter le terrible Tyran, Soumaoro, le Sorcier !

Il ne faut pas oublier que le Roi de Niani, Mansa Dankaran-Touman, avait pris quant à lui, face aux attaques incessantes et brutales de Sosso, la résolution, unique dans l’histoire de notre peuple, d’abandonner son Royaume et d’aller en exil. Le Noble Griot Royal Gnankouman-Douga Kouyaté, avait dû assurer alors l’intérim, avec une compétence et une noblesse extraordinaires, en attendant l’arrivée de Soundiata, que Dakaran-Touman avait justement chassé du Royaume en compagnie de sa mère Sogolon, en son temps.

A la Réunion de Dakadjala, après que les Rois et Chefs, exaltés par leurs griots attitrés, eussent tous accompli des actions d’éclat, (le Roi de Sibi par exemple, Kaman-Djan Kamara, avait à cette occasion, d’un seul cri, percé un tunnel dans une montagne!), ils avaient, à l’unanimité, décidé de confier la conduite suprême des opérations guerrières à Maghan Soundiata, pour combattre Soumaoro jusqu’à sa chute. C’est donc seulement après cette Réunion qu’il avait été envisagé qu’après la victoire, qui ne faisait pas de doute, TOUS demeureraient désormais unis au sein d’un ‘’Regroupement’’, le ‘’Manden’’, dont les Habitants, (les Regroupés, les Coalisés), furent appelés ‘’Mandenkâlu’’ au pluriel. ‘’Mandenka’’ au singulier. Le terme a désigné en réalité les populations de tous les Royaumes et Provinces de ladite Coalition, et s’est substitué à toutes les appellations particulières comme : Tabonka (l’habitant de Tabon), Sîbika, Nianika, Dôka, Krika, Diâka, Sankaranka, Batèka, etc, etc. L’habitant étant considéré sans aucune connotation ethnique ou régionaliste, le ‘’Mandén’’ a fondé une Nation dont le Mandénka est un citoyen. Nous verrons plus loin ce qu’on en a fait dépuis, et combien nos Ascendants nous étaient supérieurs, en matière de vision et de grandeur !

4%- LES DEUX GRANDS IDIOMES WAGARIENS

S’il y a eu une Place Forte absolument remarquable dans notre Sous-Région, une Place extrêmement chargée au plan historique, ce fût bien le Diâ, dont les principaux maîtres adoptèrent le patronyme très éloquent de : Diâ-Wara ou Diawara, signifiant littéralement : ‘’les Fauves (ou Félins) du Diâ’’, en raison, à n’en pas douter, de la puissance humaine des patriarches de cette lignée familiale.

Moi, je crois que nos historiens à nous, aideraient beaucoup nos Nations issues de ce passé Wangarien, en s’investissant sans partage dans la recherche, l’étude, la réflexion et l’analyse rationnelle, sur tout ce qui se rapporte à leurs traditions.

On peut, dans cette veine, affirmer que le langage, la langue , le parler, c’est la marque absolue du ‘’décollage’’, de l’intelligence humaine, et donc, du SAVOIR .En n’ko , le savoir se dit : ‘’ Lon’ni’’ ou ‘’Lonko’’.

Eh bien ! Regardez ma majeure : le Diâ, un centre de rayonnement wangarien incontestable. L e Langage, l’Idiome, c’est le ‘’lonko’’. Nous mettons Diâ avec Lonko, et nous avons le ‘’Diâ-lonko’’ ou le ‘’ Savoir du Diâ’’, en tant que ‘’langage maîtrisé par des gens du Diâ’’ . L’idiome ainsi défini est, à l’image du peuple qui le parle, une des plus anciennes formations patrimoniales du Monde noir. Et ce peuple finit par en porter le nom. Ce sont nos Diâlonkés ou Diâlonka , qui parlent le Dia- lonko-kan ou Dialonkakan. Ce ‘’parler’’ est donc le premier grand Idiome Wangarien..

Quant au deuxième grand idiome qui s’est formé, plus large et plus communicatif, nous en parlerons dès le début de mon prochain papier. Inch’Allah.

A la prochaine donc, si Dieu le veut! N’est-ce pas ?

Aly Bocar Cissé

Professeur et Administrateur Civil à la retraite

Email : cissedebma@yahoo.fr


Aly Bocar Cissé

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