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Deux Prix prestigieux qui renforcent l’Afro optimisme !

fofana-JPG Les conditions ou ingrédients pour atteindre le décollage économique des pays africains, sans aller jusqu’à l’émergence économique, demeurent la Paix et la bonne gouvernance. Cela devient même une lapalissade à force d’être asséné.

Deux évènements majeurs survenus cette semaine nous confortent dans cette hypothèse. Il s’agit de l’attribution du Prix Nobel 2011 de la Paix à trois femmes dont deux Libériennes et une Yéménite, le vendredi 7 octobre et l’attribution du Prix Mo Ibrahim de la bonne gouvernance pour l’année 2011 à l’ancien Président du Cap Vert, Pedro Pires, le lundi 10 octobre.

Les récipiendaires de ce prix Nobel 2011 de la Paix sont Mesdames Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Roberta Gbowee et Tawakkul Karman.

Ellen Johnson Sirleaf a été élue Présidente du Libéria en 2005, première femme à occuper un poste de Chef d’Etat en Afrique et qui hérita d’un pays exsangue qui sortait de plus d’une décennie de guerres civiles ayant fait à peu près 250000 morts, un pays avec une économie et des infrastructures détruites. Cette septuagénaire avait déjà plusieurs années de lutte à son actif d’où son surnom de « Dame de fer » qui date de l’époque où elle fût Ministre des Finances dans les gouvernements des deux premiers Présidents du Libéria, William Tubman et William Tolbert, et engagea une lutte sans merci contre la corruption.

Il est regrettable que ce prix lui soit décerné quelques jours avant l’élection présidentielle dans ce pays.

Sa compatriote Madame Leymah Roberta Gbowee, une quadragénaire, surnommée la « guerrière de la paix ». Contre la guerre civile elle convia ses compatriotes femmes à se mobiliser et s’organiser ainsi que prier pour le retour de la paix, toutes de blanc vêtues, et réclamer leur participation aux élections jusqu’au stade ultime du combat qui consista en une « grève du sexe » contre les hommes qui sont des va-t-en guerre. De guerre lasse, l’ancien président Charles Taylor fut contraint de les associer aux pourparlers de paix.

Leymah Gbowee "est plus que courageuse. Elle a bravé la 'tempête' Charles Taylor, l'a obligé à aller à la paix alors que la plupart d'entre nous, hommes, fuyions pour sauver notre vie", a estimé Nathan Jacobs, fonctionnaire de 45 ans. Réagissant à sa récompense, la Libérienne a déclaré "c'est un Nobel pour les femmes africaines, c'est comme ça que je le décrirais. C'est pour les femmes en général, mais particulièrement pour les femmes en Afrique ‘’. (1)

La troisième lauréate est la Yéménite Tawakkul Karman ayant œuvré pour la démocratie, la paix et les droits des femmes, avant, pendant et après le « printemps arabe ». Elle est à ce jour, la plus jeune récipiendaire du prix Nobel de la paix.

Le comité Nobel espère que le prix décerné à ces trois femmes "contribuera à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel que les femmes peuvent représenter pour la paix et la démocratie".

Ce prix leur a été conjointement attribué pour leur lutte non violente pour la sécurité et les droits des femmes dans leurs pays respectifs. Il y avait 241 concurrents, ONG et personnalités comprises, cette année.

il s’agit d’un signal fort en faveur de l’émancipation réelle des femmes dans les pays en développement. Thorbjoern Jagland, président du Comité norvégien du Nobel, ne s’y est pas trompé. Saluant les efforts de chacune d’elle dans son pays pour œuvrer à la fin de la guerre civile, et au développement dans un cadre démocratique respectueux des droits de la femme, il a soutenu, vendredi 7 octobre 2011 à Oslo, que la parité entre hommes et femmes dans une contribution égale à l’édification d’une société démocratique, est indispensable à l’instauration d’une démocratie et d’une paix durable dans le monde (2)

Le Prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance est le prix le plus chèrement doté au monde. Il existe depuis cinq ans maintenant et récompense comme son nom l’indique, un Chef d’Etat ayant quitté le pouvoir de manière démocratique au cours des trois dernières années et ayant fait preuve de bonne gouvernance dans l’exercice de son ou ses mandats successifs.

Ce prix porte le nom de son fondateur,  d’origine Soudanaise, résidant à Londres et milliardaire en dollars. Il fait partie des cent plus grosses fortunes du monde.

L’ancien  Président du Cap Vert,  Pedro Pires,  qui a quitté le pouvoir de manière démocratique, après des élections à date échue, en ayant refusé de modifier la constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats, a bénéficié du prix Ibrahim 2011 de la bonne gouvernance.

Il faut d’ailleurs noté que ce prix n’a pas été attribué en 2009 et 2010 pour insuffisance de candidats remplissant les critères requis.

L’intérêt de ce prix réside aussi dans le fait qu’il ne fait pas de l’universalisme et s’adresse uniquement aux présidents de pays africains. C’est en cela que l’on peut considérer ce prix comme un encouragement à ces derniers pour exercer le pouvoir dans le respect de la dignité humaine et des normes de droit. Mais aussi pour le quitter sans regrets avec la satisfaction du devoir accompli.

Sept autres anciens présidents étaient en lice : John Kufuor (Ghana) qui avait déjà été recalé en 2010, Salou Djibo (Niger), Fradique de Menezes (São Tomé e Príncipe), Ahmad Tejan Kabbah (Sierra Leone) et Sékouba Konaté (Guinée). Mais après deux années sans lauréat, le prix le plus richement doté au monde avec cinq millions de dollars sur dix ans et 200 000 dollars par an à vie a donc été attribué à Pires, pour son « action qui l'a conduit à transformer son pays en un modèle de démocratie », précise un communiqué de la Fondation Mo Ibrahim. (3)

Vous remarquerez que le Cap Vert nous a habitué à des élections apaisées et démocratiques. La précédente remonte à 1991, avec l’élection de Pedro Pires lui-même.

C’est un archipel, composé d’une dizaine d’îles, pauvre et sans ressources du sol et du sous sol et avec une forte diaspora à travers le monde, et qui en dix ans de pouvoir du récipiendaire est passé du statut de Pays moins avancé (PMA) à celui de pays en émergence avec une croissance soutenue, une bonne gouvernance et peu ou prou de corruption.

D’après Madame Aicha Bah Diallo, ancienne représentante de la Guinée à l’Unesco et membre du comité d’attribution du prix Ibrahim 2011, les critères ayant prévalu au choix de Monsieur Pedro Pires sont les suivants :

Une bonne politique économique ; la sécurité alimentaire apportée aux populations ; le développement de l’éducation et de la santé ; le respect des droits de l’homme ; son intégrité ; sa vision pour l’avenir, et le fait qu’il n’ait pas été corrompu.

Pour un militaire de carrière, qui de surcroit ne s’accroche pas au pouvoir en étant tenté de tripatouiller la constitution, cela mérite d’être signalé. Il a mis un point d’honneur au respect de la constitution.

Un adage africain dit bien à peu près ceci : quelque soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par poindre.

Dans un article d’il y a quelques mois nous disions que le cheminement démocratique n’est pas forcément un parcours rectiligne et tranquille. Il connait bien souvent des soubresauts mais qu’au final et malgré les réticences des tenants de l’immobilisme, la démocratie finira par s’instaurer sur le continent.

En l’espace de quelques jours, les deux prestigieuses récompenses que sont le Prix Nobel de la paix et le Prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance, viennent nous rappeler qu’il n’y a pas de quoi désespérer de l’homme en général et de l’Africain en particulier. Comme pour nous dire qu’il y a des pays sur ce continent qui ont fait le choix de l’avenir et du combat contre le sous développement et surtout des Femmes et des Hommes qui ont décidés de prendre leurs destins en mains et de se battre pour le respect de la dignité humaine qui doit être la même sous toutes les latitudes.

Ce respect des droits humains commence par celui des femmes et des enfants, les parents pauvres de nos sociétés. C’est ainsi que ces pays pourront atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à l’échéance 2015.

La démocratie, comme l’incarne si bien le Cap vert, a comme effet collatéral la quiétude sociale, la concorde nationale, toutes choses qui concourent à la paix et à une gouvernance efficiente.


(1)   Lemonde.fr

(2)   Lesafriques.com

(3)   Jeuneafrique.com


Aboubacar Fofana

Economiste.

Président d’honneur du Club DLG


Aboubacar Fofana

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