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GUINEE : EN FINIR AVEC LA TYRANNIE INTELLECTUELLE
A l’heure où les Guinéens attendent la tenue d’élections législatives qui, nous l’espérons, mettront fin à l’impasse politique dans laquelle notre pays est enlisé, un climat de terreur et d’intolérance règne parmi nous. La lecture de certains articles affichés sur les réseaux sociaux rappelle à quel point certains Guinéens, surtout de la diaspora, semblent atteints d’une certaine paranoïa. Prophètes de malheur et instruments de la division nationale, ils montent chaque jour au créneau et déversent leurs venins sur tous ceux qui ne partagent pas leurs convictions politiques. Ces gendarmes des sites ne se contentent plus d’écrire pour critiquer le gouvernement –ce qui est leur droit le plus absolu-, ils livrent une guerre sans merci à quiconque ose exprimer une opinion contraire à la leur.
Aujourd’hui, c’est s’exposer à une tempête d’insultes que reconnaître un seul acte positif du gouvernement de Mohamed Sa?d Fofana. L’exemple le plus récent est celui d’un de nos compatriotes résidant en Allemagne. Dans son article du 14 mars dernier, il exposait ce qui, à ses yeux, constituait un bilan positif des deux années de pouvoir du Président Alpha Condé. Au lieu de lui opposer des arguments économiques valables, son contradicteur choisit de s’attarder sur sa tenue vestimentaire, son diplôme universitaire et le pays où il réside. Attitude mesquine et peu digne d’un intellectuel. Mais elle est révélatrice de la qualité de notre débat politique.
Jetez un coup d’œil sur la presse de nos voisins de la sous-région. Aucune, à ma connaissance, n’est tombée si bas à un tel niveau de médiocrité et d’infantilisme. Chez nous, les critiques portent souvent sur les hommes, rarement sur les idées et les programmes. La terreur a fini par s’emparer de la politique. A l’ombre de ce grand mot, l’intolérance croît, en même temps que les invectives que dicte la haine de l’autre.
Pour certains Guinéens de l’opposition, Alpha Condé est la cible à abattre. Tout a été dit et écrit sur l’homme. On lui a inventé une origine étrangère (Barack Obama n’est-il pas Kényan, Nicolas Sarkozy Hongrois et Alassane Ouattara Burkinabè ?). Sur ce plan, notre président est en bonne compagnie. On a aussi glosé sur son âge, sa religion et sa vie familiale. L’ennui avec ces sophistes, c’est qu’ils manquent d’arguments et rabâchent les mêmes stupidités. Il ne leur arrive jamais d’écrire pour faire une proposition constructive sur l’économie guinéenne, l’éducation ou la santé par exemple. Leur obsession est toujours cristallisée sur la personne du Chef de l’État dont la haine est devenue un véritable passeport intellectuel.
Née au moment des élections présidentielles de 2010, la vendetta intellectuelle à laquelle nous sommes soumis a atteint aujourd’hui son paroxysme. Elle est le fait d’une poignée d’individus décidés à uniformiser la pensée. La seule évocation des réalisations du gouvernement actuel leur est insupportable. A leurs yeux, tout le monde est suspect de collusion avec Alpha Condé. Même les organismes internationaux tels que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’Union Européenne, le PNUD et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ne leur paraissent plus crédibles. Quant à l’Ambassadeur des États-Unis à Conakry, -un homme dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas dans les poches du pouvoir-, il aurait commis un sacrilège en reconnaissant certaines réalisations concrètes du gouvernement actuel.
Chez certains individus opposés au gouvernement en place, la critique s’est désormais muée en une sorte d’antipatriotisme. Ils ne se contentent plus de traîner le Président dans la boue, ils prient tous les jours pour son échec économique et politique. Je me souviens de ce compatriote, sans doute mal éclairé, qui n’a pas caché sa déception lorsqu’il apprit que la Guinée avait atteint le point d’achèvement de l’Initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE) avec une réduction de la dette guinéenne de plus de 67%, soit 2,1 milliards de dollars. Aux yeux de mon interlocuteur, notre pays ne méritait aucune faveur de ses créanciers internationaux. Je compris son message : l’opposition systématique à Alpha Condé était plus importante que n’importe quelle mesure susceptible d’améliorer l’économie guinéenne. La haine du Président a pris le pas sur toute autre considération.
Nous sommes devenus, sans peut-être le savoir, une nation soumise à une tyrannie intellectuelle. Quelques individus d’une virulence extrême tentent d’imposer leur loi et leur voix à la majorité des Guinéens. Ils sont convaincus que le délire d’un petit groupe peut devenir la vérité d’une multitude. La méthode choisie par ces soldats de la plume est simple : ne rien reconnaitre de positif en Guinée, occuper le terrain médiatique et répéter sans cesse les mêmes turpitudes. Leur sophisme se résume en trois propositions :
- La Guinée est devenue un goulag des tropiques
- Le Président est le champion de la division ethnique
- Faisons tout pour l’éliminer avant que le ciel ne tombe sur nos têtes.
La Guinée, pays de dictature ? Ne jouons pas avec les mots. Il faut avoir une bonne dose de mauvaise foi pour instruire un tel procès. Régulièrement en vacances en Guinée, ces braillards circulent librement dans le pays et participent aux réunions des partis politiques de leur choix. Sans jamais être inquiétés. Mais de retour à Paris, ils tirent à boulets rouges sur le gouvernement.
Est-il nécessaire de rappeler que le gouvernement ne s’est jamais opposé au principe des manifestations politiques en Guinée ? Mais, comme partout dans le monde, celles-ci doivent être autorisées et se dérouler dans l’ordre et la discipline. Il est regrettable que ces manifestations servent souvent de prétexte à des actes de violence et de vandalisme dont les partis politiques organisateurs doivent être tenus pour responsables.
Qu’en est-il de l’argument de l’ethnicisation du pays ? Depuis longtemps, certains groupes factieux ne ménagent aucun effort pour propager un discours de la victimisation et du repli identitaire. Ils seraient, à les en croire, les éternels opprimés de la Guinée. Les mêmes réflexes pavloviens reviennent après la formation de chaque gouvernement. En privé, ils comptent le nombre de ministres de chaque groupe ethnique et s’estiment lésés par rapport au reste du pays. Ces lamentations ne datent pas d’aujourd’hui. Ce qui est nouveau, c’est le dénombrement des morts après les manifestations politiques en insistant particulièrement sur l’appartenance ethnique de chaque cadavre. Arithmétique macabre qui ne sert pas la cause de la cohésion nationale.
Enfin, depuis les élections présidentielles de 2010, certains leaders de l’opposition ne se sont jamais remis de leur défaite. Ils ont décidé d’empêcher le gouvernement de fonctionner normalement. Ces revanchards prédisent même déjà leur victoire aux élections législatives prochaines. Faute de quoi, ils remettront tout en cause. Étrange conception de la démocratie où les résultats des élections sont décidés à l’avance. Mais il y a pire. Prenant ses désirs pour des réalités, Cellou Dalein croit pouvoir exiger le départ du Président de la République. Je me demande sur quelle planète vit le leader de l’UFDG. Il ferait mieux de réfléchir avant de lancer pareil non sens dans l’air.
Soyons vigilants ! Les censeurs de l’esprit sont à l’œuvre. Ils ont mis en place tous les moyens techniques et humains nécessaires. Patiemment et méthodiquement, ils se sont dotés de chaines de télévision et de stations de radio, ont construit des sites informatiques et recruté une véritable phalange chargée de détruire l’ennemi. Pour ces soldats de l’esprit, la haine de l’autre est devenue le dogme central de notre politique. A nous de dénoncer leur entreprise d’intimidation et de harcèlement intellectuel. Avant qu’il ne soit trop tard.
Dr. Mamadi KEITA Babila
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